Les origines du Tarot

Ce premier post va me permettre de tuer un mythe, malheureusement très répandu chez la plupart des gens, y compris par les amateurs du Tarot. Il répondra également aussi avec pertinence aux questions des personnes qui me consultent. Autant le dire immédiatement, et même si beaucoup prétendent encore le contraire; personne ne sait qui a créé le Tarot, ni où, ni quand. Plusieurs auteurs, pas toujours très sérieux d'ailleurs, continuent de fantasmer ses origines prestigieuses, pour ne pas dire fabuleuses. Les origines Egyptiennes, Atlantes sont celles les plus fréquemment évoquées. La vague "new age" continue de surfer sur cette mode un peu facile. Certains auteurs n'hésitant pas à pousser leur délire, en attribuant au Tarot des origines extraterrestres ...

La réalité historique est bien plus terre à terre comme vous allez pouvoir le constater. Le Tarot apparaît ex-nihilo vers 1375 dans le nord de l'Italie sous le nom de Naïbi. Le caractère énigmatique des premières lames séduisent rapidement l'aristocratie du moment. Effet de mode oblige, le jeu devint rapidement l'apanage des enlumineurs qui en réalisèrent de nombreuses copies dont certaines gravées et rehaussées à la feuille d'or. Le jeu devient cossu, riche et les prix grimpent en flèche. Le célèbre Tarot de Visconti que l'on trouve encore chez certains libraires, proviendrait, du Naïbi originel. 

En 1440, le Comte Mattéo Maria Boiardo écrit un poème sur chacune des lames de l'époque. C'est d'ailleurs grâce à cet écrit que nous pouvons nous faire une idée plus précise de la version originale. En 1441, l'Eglise interdit les jeux de cartes et leur circulation. Cette interdiction, particulièrement respectée, notamment à Venise, confère aux jeux de cartes et notamment au Tarot, un caractère sulfureux. Le Démon du jeu n'était semble-t-il pas si loin ....

Le Tarot, s'exile alors à travers toute l'Europe,  et ses cartes deviennent alors un jeu d'argent. Le Tarot commence alors à se multiplier et à pénétrer de très nombreux pays. Il touche toutes les classes sociales. Voulant s'approprier une partie de cet argent, l'Eglise revient alors sur sa position discriminante à l'égard du Tarot. En 1457, le traité de Saint Antoine parle pour la première fois des " Vingt deux facettes de l'humanité". En 1500, un manuscrit religieux latin intitulé " Sermones de Ludo cum Alis" (Parler du jeu avec les autres), décrit avec une grande précision les 22 arcanes majeures. Poussé alors par sa renommée grandissante, le Tarot arrive alors en France. On dénombre pas moins de 500 cartiers qui commencent à le produire en masse et à le diffuser.

L'approche divinatoire prend rapidement de l'essor et les premiers écrits sur sa symbolique circulent de plus en plus librement. Sa renommée se poursuit et ne tarde pas à revenir aux oreilles de l'Eglise. En 1581 le Tarot est prohibé en France. C'est à partir de cette date qu'il va entrer dans la clandestinité. Mais comme il avait été largement diffusé, cette clandestinité a été toute relative. Ce n'est qu'au 18ème siècle, sous l'impulsion d'un certain Jean Baptiste Aliette (Anagramme du célèbre Etteila) que le Tarot  s'installe durablement comme "outil" de divination. Etteilla va initier et entretenir un vrai mouvement ésotérique qui se verra amplifié par de nombreux zélateurs, pas toujours avec les meilleures intentions d'ailleurs. Le Tarot va se voir accaparé par plusieurs courants ésotériques qui fleurissent à cette époque. Chaque cénacle, ou "école" introduisant dans l'iconographie du Tarot, sa touche personnelle, sa symbolique propre. Le Tarot devient donc un vecteur, l'outil promotionnel d'une idéologie parfois très farfelue, parfois au contraire très profonde.

Ainsi le Tarot va se voir déformé, mutilé, transformé; tantôt appauvri, tantôt enrichi. Mais le mal est fait. Il a perdu son caractère originel. C'est à partir du 18ème siècle que les nombreux fantasmes sur ses origines prétendument fabuleuses prirent naissance et ensemencèrent de nombreux cénacles.

Cela étant, un point fondamental mérite d'être rappelé. Malgré toutes les transformations subis par le jeu, les fondements de son corpus symbolique sont toujours restés inviolés. L'ossature originelle, sa structure intrinsèque est toujours vivante et nous est parvenue intouchée. Ce point très important explique la dimension archétypale dont je vous parlerai dans un prochain post. Cependant, certaines versions modernes du Tarot apparue au cours du 20ème siècle, n'ont pas hésité à s'affranchir dangereusement de ce corpus. Voilà la raison pour laquelle je travaille toujours avec un Tarot traditionnel qui respecte la tradition.

Nous l'avons vu au cours de ce post, les mystères de l'origine du Tarot demeurent entiers. Ce mystère ne doit pas nous entraîner à conférer au jeu un caractère magique. Le Tarot n'est pas un instrument magique. C'est objectivement un simple jeu de cartes en carton. Le Tarot n'est donc ni un talisman, ni un grigri, ni un fétiche. Je sais que certains d'entre-vous qui me consultent y croient et refusent de l'admettre. Pire encore, d'autres personnes qui me consultent,  pensent que je suis un magicien ! Dans chaque chose il faut savoir raison garder ...

En langue des Oiseaux (appelée également langue verte ou langue diplomatique), la magie nous permet d'entendre "L'âme agit". c'est plutôt dans cette direction là qu'il faut chercher comment fonctionne le Tarot. C'est une relation subtile d'intimité, de peau à peau, d'âme à âme. L'âme du Tarot rencontrant alors l'âme du consultant....

C'est ainsi que l'on peut s'amuser ou si vous préférez s'user l'âme. 

A Bientôt pour un prochain post